Mardi 3 décembre, dans le cadre de son cycle de conférences des Mardis de l'ingénieur, l'ESME Sudria accueillait Vincent Bouatou dans ses locaux de Paris-Montparnasse. Directeur adjoint de la division recherche et technologie au sein de la société Morpho (filiale du Groupe Safran), il venait présenter le rôle et l'importance de l'ingénieur en recherche et développement (R&D) au sein des entreprises technologiques. La conférence était modérée par Elodie Roullot, directrice de la recherche de l'ESME Sudria.
Elodie Roullot et Vincent Bouatou
L'innovation au cœur de l'entreprise : l'exemple de Morpho
Le groupe Safran investit chaque année environ 1,6 milliards d'euros dans la R&D, soit 12 % de son chiffre d'affaires et mobilise 21 % de ses effectifs dans ce domaine. C'est un des seuls grands groupes au monde à engager autant de moyen dans la recherche. « Il s'agit d'un véritable positionnement stratégique, affirme Vincent Bouatou. Le niveau technique déployé dans chacun des secteurs du Groupe est énorme, pour la simple et bonne raison que si nous livrons des produits ou services défaillants, d'une manière ou d'une autre, cela va entraîner la mort de personnes quelque part dans le monde : parce qu'un moteur d'avion fonctionnera mal ; parce qu'une transmission radio n'aura pas été claire... Il y a donc impératif à mobiliser toutes les compétences possibles pour réduire le risque à zéro. C'est le rôle de l'ingénieur en R&D.»
Vincent Bouatou est alors revenu sur cinq points essentiels de l'innovation dans la R&D à travers l'histoire de Morpho :
- Trouver un marché permettant un développement susceptible d'intéresser le plus grand nombre, soutenable par des institutions ou des Etats.
- Nouer des partenariats stratégiques : les petites structures ont certes pour elles la souplesse et la réactivité, mais les moyens humains ou économiques leurs font rapidement défaut ; en s'associant à un grand groupe - par exemple - elles peuvent continuer à développer leur activité.
- Préserver une recherche de rupture : l'innovation n'est pas éternelle, il faut constamment anticiper la nouveauté.
- S'adapter au marché et aux attentes : encore une fois, il s'agit d'anticiper les tendances et de comprendre les besoins du public. Innover pour l'innovation n'a pas de sens ; il faut qu'in fine, le public s'y retrouve.
- Avoir un impact sociétal : tant pour l'image publique que pour les équipes de R&D, il faut que l'innovation ait un sens et serve le plus grand nombre.
L'ingénieur en R&D, un acteur social
« Pour toutes ces raisons, l'ingénieur en R&D doit être au fait de toute l'innovation technologique qui l'entoure, poursuit Vincent Bouatou. Il faut qu'il comprenne comment une nouveauté peut-être monétisée. Il faut qu'il tienne une veille technique précise et anticiper les changements de paradigmes. Il faut qu'il puisse travailler avec les startups et comprenne leur écosystème. Surtout, il faut qu'il comprenne que tout est possible : les seules limites existantes sont celles que l'on s'impose ; l'innovation est avant tout une question de force de la pensée de capacité à distordre la réalité.»
Il a terminé son intervention en précisant trois points essentiels pour travailler dans la R&D :
- Avoir des connaissances techniques poussées.
- Maîtriser un tant soit peu l'anglais.
- Travailler sur un sujet passionnant.
Si l'ensemble des étudiants présents dans l'amphithéâtre (ainsi que sur les sites d'Ivry-sur-Seine, Lille et Lyon grâce à la retransmission vidéo) ne seront pas tous ingénieurs en R&D, gageons que la présentation de Vincent Bouatou aura éclairci certains points et, pourquoi pas, créé des vocations.